Le café de la Rotonde (autoportrait), 1921, huile sur toile signée et datée en bas à gauche.

25 Mar

Marie Vassilieff : une artiste essentielle de l’Ecole de Paris

MARIE VASSILIEFF (1884-1957), Le café de la Rotonde (autoportrait), 1921, huile sur toile signée et datée en bas à gauche. 

Marie Vassilieff est une artiste russe arrivée à Paris en 1905 après avoir suivi une formation artistique à l’Académie de Saint-Petersbourg. Lorsqu’elle s’installe définitivement dans la capitale en 1907, elle devient élève du fauve par excellence : Matisse. Entourée par les grands noms du cubisme au sens strict -Picasso et Braque- et au sens large -Léger, Zadkine, Juan Gris-, elle fait partie de « l’Ecole de Paris » avec ses amis Modigliani, Soutine, Satie, Chagall… dont les créations viennent envahir son atelier. Atelier au sein duquel elle crée en 1912 « l’Académie Vassilieff », après avoir quitté l’Académie russe dont elle était l’un des membres fondateurs.

Dès 1915, Marie Vassilieff expose à Saint-Petersbourg et assiste à l’exposition 0.10, témoin privilégié de la naissance de l’abstraction. Elle occupe une place centrale dans le monde artistique et s’impose en tant que femme. Plus qu’une artiste, elle est un pilier, un repère pour l’art et ses compères : au sein de l’atelier qu’elle a crée elle expose ses amis et leur permet de tenir des conférences, Fernand Léger en proposera deux entre 1913 et 1914*. En temps de guerre, elle y installe une cantine où ceux qui mènent la vie de bohême viennent se restaurer. En 1917 elle organise un banquet en l’honneur de Braque qui rentre du front.

Cet autoportrait constitue une œuvre fondamentale pour comprendre l’artiste : tout y est ! Ses influences artistiques mais aussi sa vie : sa vie d’artiste, sa vie de mère, sa vie professionnelle et personnelle, voire intime. Se rappelant au cubisme, elle ajoute une dimension toute individuelle et mystique. Vêtue de bleu, portant son fils encore poupon sur ses genoux, la peintre joue avec l’iconographie de la Maternité. Pourtant, comme l’indique la date en bas à gauche du tableau, nous sommes en 1921 et son fils, né l’année de la révolution russe, a déjà quatre ans… Cela renforce la dimension théologique : il s’agit d’une vision de son passé proche. Ce passé dont elle a été privée, placée en 1917 en résidence surveillée à Fontainebleau, elle ne réintègre son atelier qu’en 1919. L’homme en habit de serveur à ses côtés pourrait ainsi être l’emblématique patron du café de la Rotonde, Victor Libion, qui avait fait de son café un lieu incontournable de rencontre pour les avant-gardes, avant d’être contraint de le vendre en 1920.

A la croisée des grandes évolutions artistiques, politiques et culturelles de son temps, Marie Vassilieff peint sa vie : son œuvre rend hommage au Paris de 1900, aux avant-gardes, à ses origines russes… en cela la toile constitue un jalon déterminant pour sa carrière. La tête haute, le profil élégant bien qu’allongé par le prisme cubiste, elle s’impose comme une artiste clé de l’école de Paris. Indispensable, cette œuvre fut accrochée au musée d’Art Moderne de la ville de Paris dans le cadre de l’exposition consacrée à l’école de Paris en 2001.

 

Le 25 mars 2017, année du centenaire de la révolution russe, la maison de ventes Toledano aura l’honneur de soumettre aux enchères ce tableau chargé d’histoire(s) et emprunt de la nostalgie de La Bohême du XXème siècle**.

 

 * Les deux conférences de Fernand Léger ont pour thème Les origines de la peinture et sa valeur représentative et Les réalisations picturales actuelles.

** Il s’agit du titre que Marie Vassilieff a choisi pour écrire ses mémoires.

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